dimanche 19 mars 2017

Promenade n°7 - La vallée des merveilles

Autour de la place Flagey

Connections :trams 81 et 83 et bus 38, 59, 60 et 71, grand parking souterrain, emplacements pour vélos, scooters etc. 

1- La Place Flagey  Tous les samedis et dimanche la place Flagey accueille un des marchés les plus réputés de Bruxelles (bobo mais pas snob). Spécialités: fleurs, fruits, légumes, fromages, poulets rotis, produits artisanaux, délicieuses charcuteries etc... Parmi les bistrots et restaurant qui l'entourent, le Belga installé dans ce 
L'immeuble  art déco  de l'INR (Institut National de la Radio)
Joseph Diongre (1935) 



qui fut, pendant trente ans le siège francophone et flamand de l'INR (Institut National de la Radio)   avant de déménager à Scharbeek. Monument classé, l'immeuble - reconverti en centre culturel, bistrot, restaurant, cinéma et salle de concert, a été construit en 1935 dans le style art déco par un architecte qui avait signé quelques belles maisons Art nouveau au début du siècle : Joseph Diongre.

Un des deux étangs actuels 
de la vallée du Maelbeek 
 La place Flagey  a été aménagée en 1860 sur le plus grand des quatre étangs qui faisaient autrefois tout le charme de la vallée du Maelbeek. Aujourd'hui, il ne reste que deux de ces étangs soigneusement aménagés où barbotent cygnes, canards et autres volatiles.


Monument élevé en 1894 à la gloire à la gloire 
de Charles De Coster et de son héros 
Tijl Ulenspiegel 
Sculpteur : Charles Samuel 
Prenons comme point de départ de cette promenade, le monument élevé à la gloire de Tijl Ulenspiegel, le héro de l'écrivain Charles De Coster.
Suivez sur le côté droit des étangs l'avenue du Charles de Gaulle jusqu'à la rue de la la rue de 
la Vallée entièrement construite 
au début du XXéme siècle 

2 – Ernest Delune "s'offre" presque toute la rue de la Vallée.

Ernest Delune (1903-1905)
2 rue de la Vallée, 

c'est l'adresse de cet immeuble
à la façade asymétrique 

situé en bordure
des étangs d'Ixelles
                   
Promoteur immobilier et homme politique local (ce qui explique beaucoup de chose), Ernest Delune a quasiment fait main basse au tournant du siècle sur l'aménagement de ce morceau du territoire en bordure des étangs d'Ixelles.   



Il s'agit d'un terrain triangulaire très étroit mais plein de séduction pour la nouvelle bourgeoisie bruxelloise.       

Le grand vitrail du 2 rue de la Vallée (Ernest Delune)
 En trois ans (1903-1905) Ernest Delune y  construit une vingtaine de maisons toutes dans l'esprit du temps avec, comme immeuble de prestige, le 2 rue de la Vallée.  Principales caractéristiques : sa  façade frontale légèrement asymétrique, une très belle porte d'entrée alliant pierre bleue sculptée, boiseries et vitraux. Et, face aux étangs, une gigantesque baie viraillée  à motifs floraux éclairant d'une lumière bleutée la cage d'escalier. 

Signature d'Ernest Delune
Voici l'adresse de toutes les maisons construites ici par Ernest Delune dans cette rue de la Vallée : n°2, 4, 6, 8 et 10, 18, 20 et 22, 26, 28 et 32
Ernest Delune, 32 rue de la Vallée:(1903-1905)
une imitation parfaite du style d'Ernest Blerot

 Il faut également y ajouter le 17 A, rue Vilain XIII, un immeuble de rapport. faisant angle avec la rue de la Vallée.
Tous ces édifices sont aisément repérables. Ils sont tous signés.






 Le plus étonnant est sans doute le n°32 où Ernest Delune s'inspire sans la moindre vergogne du style caractéristique d'un autre architecte-promoteur immobilier, Ernest Blerot, son grand rival en cette vallée.


3 – Au 6 rue du Lac, la merveille mystérieuse(1904)

6 rue du Lac,
 une façade extraordinaire
 oeuvre de  Léon (ou Ernest) Delune (1904)
Avant de remonter la rue de la Vallée faites un petit détour par la rue du Lac. Vous y trouverez une façade exceptionnelle.  Elle fait partie des chefs d'oeuvre les plus remarquables de l'Art nouveau bruxellois. Mais son véritable auteur reste à ce jour incertain. Le travail - en fait la transformation  d'une façade  éclectique  en une façade Art nouveau - n'est pas signé. Certains l'attribuent à Ernest Delune (*), qui aurait déjà construit la maison primitive en 1893. D'autre l'attribue à son frère Léon (1) car elle se distingue  par son originalité de toute l'oeuvre connue d'Ernest.   L'opération aurait été commandée par le nouveau 


Une porte d'entée d'une rare élégance 
propriétéaire de la maison, un maître verrier autrichien, Glas Gruner Sterner, dont on ignore à peu près tout.  
C'est sans doute lui qui a dessiné les vitraux du 6 rue du Lac et peut-être aussi ceux de quelques  maisons construites par Ernest Delune dans le quartier (notamment les vitraux du 2 rue de la Vallée).  Quoiqu'il en soit la façade du 6 rue du Lac est un pur chef f'oeuvre réalisé avec des moyens limités (briques blanches et pierres d'encadrement blanches). La modeste porte d'entrée s'épanouit dans une triple circonférence de pierre, de bois et de vitrail. La cage
d'escalier est éclairée par un autre vitrail majestueux qui occupe presque toute la hauteur de la  façade. Il prend à la base la forme de l'escalier pour se terminer dans une circonférence florale. Et cette grande verrière, pendant magnifique de la porte, est finement divisée par des lignes de plomb dans le plus pur style de l'école de Glasgow.


(*) La famille Delune compte quatre frères architectes, Ernest, Léon, Aimable et Edmond

(1) Selon les sources cette façade non signée est attribuée à Ernest ou à Léon Delune. Mais le style se distingue nettement des autre maisons de la rue de la Vallée dûment signées par Ernest. Optons donc pour Léon à qui on attribue aussi la construction en 1902 d'un superbe maison Art nouveau au 86 avenue Franklin Roosevelt 



4 – Un petit palais imaginé par Ernest Blerot au 40 rue de la Vallée (1902)

Ernest Blerot, 40 rue de la Vallée (1903)
Au n° 40 rue de la Vallée, Ernest Blerot avoue sans fard qu'il est sous l'influence de l'architecture poético-délirante du célèbre château de Neuschwanstein que Louis II de Bavière (1845-1886) fit construire sur les bords du Rhin. Cet hôtel de maître a tout d'un objet insolite. La façade se décompose en trois plans et même quatre si l'on compte le spectaculaire pignon en redan triangulaire avec ses fenêtres sur deux étages, presqu'aériennes. Poésie architecturale! Et ce mélange fluide de briques blanches vernies, de pierre bleue et de sgrafittes floraux (feuillage 
Double panneau de sgraffites floraux 
 bleu-vert, fond ocre) dont le motif se retrouve sous la corniche. Enfin, cet espèce de double bow-window décalé, l'un distribuant largement la lumière dans les salons et l'autre éclairant latéralement des pièce plus modestes. Chacun est couronné d'une terrasse accessibles par deux portes fenêtres et munie d'un garde-corps en fer forgé aérien. Mais une question se pose. Avec cette double porte cochère, Ernest Blerot s'adaptait-il déjà au siècle de l'automobile? En fait, l'architecte avait déjà prévu une porte de garage (à gauche) la seconde - à l'identique -a été ajoutée en 1954. 


Tout le talent d'Ernest Blerot
et toute la virtuosité architecturale de l'Art nouveau

22 rue Vilain XIII, Ernest Blerot (1901)
 Juste en face de ce mini-palais, à l'angle de la rue de la Vallée et de la rue Vilain XIIII, deux autre maisons construites par Ernest Blerot mais transformées ultérieurement en un seul immeuble à appartements. L'architecte qui réalisa cette transformation a voulu préserver le style d'Ernest Blerot peut-être séduit malgré tout par cette virtuosité architecturale. Très belle porte d'entrée (22 rue Vilain XIIII)  mais surtout, admirez le bow-window d'angle, son pilier central soutenant un petit balcon et les trois baies supérieures (une porte et deux fenêtres) autour de ce balcon. De la pure virtuosité modern style! Heureusement,  l'architecte qui a réalisé les transformations a été  très respectueux du style de Blerot.


 5 - Rue Vilain XIIII, Ernest Blerot construit deux maisons jumelles pour ses  filles (1902)
Ernest Blerot a longtemps habité le quartier des étangs, jusqu'à son décès en 1964. D'où sa présence remarquable en ces lieux. Aux n°9 et 11 de la rue Vilain XIIII, il  avait construit avec amour deux petites maisons jumelle, deux petits bijoux pour ses filles qui depuis plus d'un siècle 
11 et 9 rue Vilain XIII- Ernest Blerot (1902)
dialoguent en toute liberté sur l'art de créer une mélodie urbaine. . Un art qui semble s'être définitivement perdu au fil du XXème siècle. 

Panneau floral et encadrement de pierre bleue fluide
9 rue Vilain XIIII
Ernest Blérot joue ici avec virtuosé de tous les éléments qui lui sont habituels (couleurs des pierres, portes flamboyantes, fers forgés, sgraffites, chassis de fenêtres en lignes courbes agrémentés de vitraux floraux, moulures fluides de la pierre, etc.)

Jeux voluptueux de vitraux, de boiseries
de lumière et de pierres blanches
13 rue Vilain XIIII
Au 13,  par exemple, la structure pyramidale des baies donne l'impression d'une envolée délicate (deux fenêtres vitraillées au rez-de-chaussée, surmontées d'un bow-window plus étroit couronné par un minuscule balcon accessible par une porte-fenêtre étroite le tout se terminant par un petit pignon avec une baie encore plus menue)
Tout cela donne  une impresion féerique renforcée encore par la beauté de la grande baie vitraillée arrière qui dans chaque maison éclaire identiquement le salon du rez-de-chaussée. L'intérieur, enfin, est à la même mesure: organisation de l'espace et richesse des éléments décoratifs. 

6 - Au 7 rue Vilain XIIII,  une autre architecte Art nouveau , Frans Tilley,
7 rue Vilain XIIII, maison personnelle
 de Frans Tilley (1902)
construit en 1902 sa maison personnelle et son atelier dans un style éclectique mais bien dans l'esprit du temps. Belle façade asymétrique avec au 1er étage une spectaculaire logette aux angles arrondis, totalement vitrée et surmontée d'une grande terrasse.


7 – La maison disparue d'Ernest Blerot

Ernest Blerot avait bâtit sa propre demeure au n°1 de la rue Vilain XIIII, ses bureaux se trouvant au 42 rue de la Cascade (actuellement avenue Charles de Gaulle).  Comme la Maison du Peuple de Victor Horta , ce 
Maison personnelles et bureaux
d'Ernest Blerot
(1901/1902)
Détruite en 1964
L'immeuble qui a remplacé
la maison perrsonnelle d'Ernest Blerot.
Sur cette photo on voit en perspective gauche
  
l'immeuble de la Cascade
qui a remplacé 2 autres maisons d'E. Blerot.
(voir ci-dessous)
chef d'oeuvre a été détruit en 1964, tout de suite après le décès de l'architecte,  à une époque où l'Art nouveau était particulièrement couvert d'injures méprisantes. Les rares photos existantes montrent un hôtel de maître bourré de fantaisie et d'originalité qui aurait pu devenir un véritable musée 


Blerot comme l'est le Musée Horta. 
Autre détail historique cruel: le 3 rue Vilain XIIII  avait aussi été construit par Ernest Blerot  et a disparu en même temps que sa maison. A la place de ces deux merveilles nous avons aujourd'hui un immeuble à appartements d'une banalité consternante. 

8 – 38/39 avenue du Général de Gaulle, deux autres jumelles (sur quatre)  d'Ernest Blerot (1902)

39 et 38 avenue Charles de Gaulle,  Ernest Blérot (1901)
Après avoir contourné cet immeuble sans âme, poursuivez votre
promenade le long des étangs en suivant l'avenue Charles de Gaulle jusqu'aux n°38 et 39. A quelques détails près, ces deux hôtels de maîtres sont identiques. La conception des façades rappelle les jumelles de la rue Vilain XIIII avec l'asymétrie triangulaire de la maison de droite n°38. 


Garde-corps du N°39 tenue Charles de Gaulle
De toute évidence, Ernest Blerot n'est pas Victor Horta. Promoteur immobilier  autant qu'architecte, comme Ernest Delune,  il inscrit son oeuvre dans la modernité d'un univers en plein bouleversement. La démographie de Bruxelles explose. Tout le quartier des étangs  est en construction. Pour faire face à cette urgence, il rationnalise et systématise sa production jusqu'à un niveau quasiment industriel... mais il déborde toujours d'imagination.  Ici, ce sont les rampes, les balustrades  et les gardes-corps en fer forgé qui inscrivent les deux façades dans un jaillissement végétal foisonnant.  
L'immeuble art déco construit en 1938
en remplacement de trois  maisons,
dont deux d'Ernest Blerot 
Au départ, Ernest Blerot a construit six maisons quasiment identiques pour la nouvelle bourgeoisie ixelloise: quatre en un bloc avenue Charles de Gaulle et deux sur l'autre rive des étangs, aux 15 et 16 avenue des Klauwaerts. Malheureusement, deux de ces maisons ont été rasées (en même temps qu'une troisième) et remplacée déjà en 1938 par un colossal  immeuble art déco signé René Ajoux (un nom ironiquement bien de circonstance). Ses huit étages rompent à jamais l'harmonie urbanistique de ce beau quartier. Il est vrai qu'à l'époque et pendant plus d'un demi siècle les préoccupations urbanistiques et esthétiques n'ont pas été un souci majeur  autorités bruxelloises.


Ernest Blerot, 15 avenue des Klauwaerts (1907)







En guise de consolation, il faut savoir qu'aujourd'hui la plupart des maisons importantes construites par Ernest Blerot  (qui n'ont pas été détruites, comme  4 maisons de ce quartier ) sont désormais classées et protégées. Beaucoup d'entre elles, même non classées, font ou ont fait l'objet de travaux de restauration importants. C'est le cas notamment du 15 avenue des Klauwaerts
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Malgré nos recherches, il ne nous a pas toujours été possible de déterminer la date du décès des architectes ou des artistes ayant réalisé une oeuvre montrée dans cet article ou de contacter leurs ayants droit. Toute précision ou information  sera immédiatement prise en compte. Sans autorisation, le ou les documents photographiques concernés seront immédiatement retirés. Toutes les photos de ce blog sont de l'auteur 






























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