jeudi 15 août 2013

Promenade n°2 - Le Triangle magique de Saint-Gilles: de l'hôtel Hannon à l'hôtel de ville

PROMENADE n°2 - Le Triangle magique de Saint-Gilles: de l'hôtel Hannon à l'hôtel de ville
 Départ : 55 avenue Brugmann. Trams 91 et 92
Cette promenade part de l'Hôtel Hannon  et nous conduira dans un dédale de rues jusqu'à l'hôtel de ville de Saint-Gilles.  Cette zone - le triangle formé par la chaussée d'Alsemberg, la chaussée de Waterloo et la rue Ducpétiaux - a fait l'objet d'un plan cohérent d'urbanisme: elle a été entièrement bâtie autour de 1900, en pleine éruption de l'Art nouveau

1. L'hôtel Hannon de Jules Brunfaut 
Commençons par un chef d'oeuvre absolu : l'hôtel Hannon situé au coin de l'avenue Brugmann et de l'avenue de la Jonction, juste à côté du 55 avenue Brugmann). La cinquantaine venue, Edouard Hannon,  ingénieur chez Ernest Solvay, veut que sa nouvelle demeure soit une oeuvre d'art totale, comme l'hôtel Solvay bâtit entre 1895 et 1903 par Victor Horta.
Hôtel Hannon. 1 avenue de la Jonction
Jules Brunfaut 1902
Pour cela il fait appel à son ami
Jules Brunfaut (1852-1942), quinquagénaire comme lui mais, contrairement à lui, peu séduit par la nouvelle esthétique. Il pose donc ses exigences :  il faut que ce soit de l'Art nouveau. Jules Brunfaut s'exécute et réalise un chef qui sera unique dans son oeuvre ! Abandonnée dans les années soixante,   squattée et vandalisée cette maison allait être démolie lorsque, dans l'urgence, la commune de Saint Gilles la racheta pour la restaurer avec le plus grand soin. Un véritable 
miracle! car à l'époque (dans les années soixante, le mot d'ordre  était limpide: il faut éradiquer l'Art nouveau de Bruxelles... d'où l'impitoyable destruction de la Maison du Peuple construite par Victor Horta. 
Et ce miracle  vaut plus qu'un coup d'oeil. 
 Verrière du jardin d'hiver de l'hôtel Hannon. Vitraux de Raphaël Evaldre.
Côté, avenue de la Jonction, la prouesse architecturale est tout simplement stupéfiante. Le jardin d'hiver, installé autrefois au rez-de-chaussée, était éclairé par un bow-window dont toute la surface n'est qu'un chassis en fers forgés curvilignes où s' insèrent des vitraux à motifs végétaux créés par Raphaël Evaldre (1862-1938), disciple de l'américain Louis Comfort Tiffany.

Au dessus de ce bow-window déjà spectaculaire, trois baies en fort retrait vitraillées d'autres motifs floraux diffusent une douce lumière bleutée au premier étage.
Vitraux de...
                    
 ...Raphael Evaldre
 Au dessus de ce bow-window déjà spectaculaire, trois baies en retrait vitraillées d'autres motifs floraux diffusent une douce lumière bleutée au premier étage.


Aujourd'hui, l'Hôtel Hannon abrite dans ses murs l'Espace photographique Contretype (hommage rendu à Edouard Hannon photographe pictorialiste à ses heures). Il est donc accessible à tous (*), et offre l'occasion d'admirer de près 
Le grand hall de l'hôtel Hannon. Escalier en acajou, garde-corps forgé en coup de fouet. 
                                          Fresque de Paul-Albert Baudouin.
ce qu'était une maison Art nouveau intégrale avec son escalier monumental en acajou, sa rampe en fer forgé moderniste, sa paroi ornée d'une fresque symboliste du peintre rouannais Paul-Albert Baudouin (1844-1931), ses portes et vitraux intérieurs et extérieurs. 
Un seul regret, mais il est grand : Edouard Hannon avait fait appel à Emile Gallé pour dessiner son mobilier. Celui-ci a été vendu à l'encan lorsque la maison fut abandonnée par ses derniers héritiers...
(*) prix d'entrée : 3 euros (ouvert du mercredi au vendredi de 11 à 18h, samedi et dimanche de 13 à 18h). Riche programme d'expositions temporaires.


La Maison aux hiboux. Ed. Pelseneer (1895)

Juste à côté de l'hôtel Hannon, au 55 avenue Brugmann,    Edouard Pelseneer (1870-1947) construit en 1895 la Maison aux Hiboux. Architecte,  Edouard Pelseneer est  surtout connu  l'artisan qui fabriqua la plupart des meubles et portes dessinés par Victor Horta. 

Seule la façade de cette maison a été conservée et restaurée avec ses sgraffites, ses hiboux faîtiés et ses fenêtres hallucinées. Le reste a été entièrement modernisé. Mais ce façadisme essentiel permet, avec le voisinage de l'hôtel Hannon, d'imaginer l'ambiance architecturale de l'époque.




2 - Rue Félix Delhasse, entre l'esprit d'Horta et celui de Hankar
En quittant l'Hôtel Hannon, prenez la rue en courbe Felix Delhasse, typiquement “fin de siècle”. On y trouve quatre maisons d'élèves de Victor Horta et de Paul Hankar. 
Au n°24 , Émile Lambot (1869-1940), est fidèle à la pensée
24 rue Félix Delhasse. Emile Lambot
du fondateur de l'Art nouveau dans ce bel hôtel de maître en pierres blanches et acier. L'encadrement de la porte d'entrée avec ses deux pilastre qui se transforment en consoles végétales soutenant le bow-window sont impressionnantes de grâce et de légèreté sculpturale.
13 rue Félix Delhasse. Paul Hamesse (1907)

En face, n°11 et 13 rue Félix Delhasse Paul Hamesse (1877-1956) ne trahit pas l'esprit de Paul Hankar dans ces deux maisons modestes de style Art nouveau géométrique construites en 1907. De briques rouges et blanches et de pierres bleues elles elles seraient tout a fait anodines si leur décoration géométrique ( taille des pierres, portes d'entrée et surtout les garde-corps des balcons) ne les sortait de l'ordinaire. A remarquer aussi la rupture totale de symétrie qu'impose Hamesse avec les quatre fenêtres de second étage du n°11. 
La même rupture de symétrie, très typique de l'Art nouveau bruxellois, est reprise trois ans plus tard, en 1910, lorsque Louis Couprie construit le 9 rue Félix Delhasse. Briques et pierres blanches (fort grises aujourd'hui) génèrent une atmosphère différente mais l'esprit de Paul Hankar est toujours bien là.
25 rue Henri Wafelaers. 
Louis Couperie (1907)

Ce même architecte totalement oublié aujourd'hui confirme aussi une parfaite maîtrise des codes de l'Art nouveau, dans la maison qu'il édifie en 1907 à deux pas de là au  25 rue Henri Wafelaers pour Madame Geubel .  A commencer par l'asymétrie. La façade est en briques blanches vernies rehaussées de pierres blanches mettant en évidence les encadrements. Le rez-de-chaussée se partage entre une porte de garage et un porche trapézoïdale avec fenêtre latérale bardée de fers forgés géométriques. Rarement utilisée, la forme trapézoïdale devient ici l'élément qui donne son rythme à la façade toute entière: forme du balcon et de la logette, encadrements des fenêtres, jusqu'à l'oeil de boeuf logé dans le pignon.
  Balcon de la maison Geubel, 25 rue Wafelaers. Louis Couperie (1907)

Au 53 rue Waffelaerts Antoine Pompe  a édifié en 1910 la clinique du Docteur Van Neck dans un style
Clinique du docteur Van Neck
Antoine Pompe (1910)

qui annonce nettement la fin de l'Art nouveau et l'entrée en scène des avant-gardes des annés 20 (Bauhaus, de Stijl etc). C'est sa première oeuvre personnelle mais elle est considérée comme une étape marquante dans l'histoire architecturale bruxelloise.


3. Bouillonnement Avenue Ducpetiaux



Au 80 avenue Ducpétiaux, on trouve une maison éclectique qui porte encore quelques traces nostalgiques d'Art nouveau dans la taille de la pierre bleue qui orne massivement le rez-de-chaussée surélevé. Elle a été construite en 1909 par Jules Munster.

Juste en face, au 67 avenue Ducpétiaux, Alphonse Groothaert (1860-1922) qui fête alors ses 35 ans, construit sa première maison Art nouveau pour le sculpteur Paul Joseph Thimothée. On est en 1895, tout était possible, mais la composition de la façade reste classique : brique blanches et rouges et soubassement en pierre bleue. C'est dans les détails que l'Art nouveau s'impose : poutrelle d'acier bien visibles, fers forgés en coup de fouet à tous les étages.

Garde-corps Art nouveau, 67 avenue Ducpétiaux.
Alphonse Groothaert (1895)


Le grand sgraffite poétique sous la corniche : deux putti chevauchant un dauphin au soleil couchant est bien de son temps: japonisant et exhubérant. Dommage qu'il ne soit pas encore restauré. 

              Détail des sgraffites sous la corniche du 67 avenue Ducpétiaux (détail)

La même année 1895, au n° 47 avenue Ducpétiaux, Paul
47 avenue Ducpétiaux
Paul Hangar '1895)
Hankar
démontre lui toute son ingéniosité dans une maison modeste mais totalement asymétrique: la grande baie centrale du premier étage donnant sur un petit balcon se trouve entre les deux baies du rez-de-chaussée et les trois fenêtres du second étage. Démonstation exemplaire : à celui qui veut, l'usage de l'acier permet des audaces qui étonnent encore aujourd'hui. Les trois sgraffites aux écuries sont d'A. Crespin.




Plus remarquables sont, en face, les deux créations d'Armand Van Waesberghe (1879-1949) aux 18 et 20 avenue Ducpétiaux

Réalisées en 1898, elles témoignent d'un talent exceptionnel. Virtuose imaginatif, ce “Rimbaud de l'architecture bruxelloise” (il n'a que 19 ans) n'a aucun complexe. Il joue ici de la grammaire gothique en fin connaisseur, en invente la version Art nouveau puis en inverse aussitôt complètement le mouvement dans la très étonnante porte du 20 avenue Édouard Ducpétiaux. Du gothique plongeant  en quelque sorte .

Si l'on se place à l'intérieure d'une de ces maisons on
Hall d'entrée du 18 Avenue Ducpétiaux
constate immédiatement qu'il ne s'agit pas de maisons luxueuses. Au contraire. Guidé par un évident soucis d'L'espace est calculé au millimètre près par souci d'économie l'architecte ne gaspille ni 
l'espace ni les moyens comme en témoigne l'étroitesse du couloir d'entrée réduit à une fonction vraiment minimale. Une démonstration supplémentaire des ambitions des architectes Art nouveau bruxellois de rendre accessible au plus grand nombre leurs  créations artistiques et pas de la réserver uniquement à la haute bourgeoisie. 
24 avenue Ducpetiaux. Lefèvre (?) 1899
Le 24 avenue Ducpétiaux  construit l'année suivante(1899) dans le même esprit gothique de fantaisie qui caractérise une bonne partie de l'oeuvre du jeune Armand Van Waesberghe (la porte et son encadrement de pierre bleue), mais cet édifice est attribué à un certain Lefèvre. Quoiqu'il en soit, il s'agit bien d'une variante des deux autres maisons mais la logette surmontée d'un petit balcon accessible par la porte incrustée dans le toit à la Mansard lui donne une allure plus ...aérienne.  

4. Rue du Portugal, une esquisse Bauhaus

Au numéro 36 de la rue du Portugal, Jean-Pierre Van Oostveen a construit en 1901
24 avenue Ducpetiaux.
Jean-Pierre Van Oostven (1901)
un petit bijou qui annonce déjà le Stijl et le Bauhaus des années 20. C'est une maison étroite en briques blanches rehaussées de pierres de taille. Mais ce qui force l'attention c'est la travée étroite de la cage d'escalier. Elle est toute en bois et en verre, dans un style géométrique rigoureux. Les gardes-corps des deux balcons sont en fer forgé tout aussi géométrique. Van Oostveen a également construit la maison voisine qui fait angle avec la rue Moris (n°62), malheureusement transformée celle-là ne laisse plus que deviner ce que fut l'ensemble à l'origine. 




5. Les sgraffites de la rue Morris 


Modeste, la rue Morris relie la chaussée de Charleroi à la chaussée de Waterloo. En son milieu, sur la rive gauche les n° 52, 56, 58 et 60: quatre maisons d'allure classiques mais aux caractéristiques Art nouveau discrètement affirmées. Sous les corniches de ces quatres maison, de très beaux sgraffites signés Adolphe Crespin (1859-1944) qui avait décoré la maison personnelle de Victor Hankar Malheureusement les façades de ces maisons n'ont pas encore été nettoyées ce qui nous replonge dans le climat des années '60-'70 quand toute la ville était noire de suie et d'émanations pétrolières.

Sgraffite d'Adolphe Crespin, rue Morris





6. Rue Antoine Bréart. 
Porte d'entrée au coeur 
de l'art nouveau Saint-Gillois.


7 rue Antoine Bréart.
Paul Hangar (1898) 
Prolongeant la rue Moris, la rue Antoine Bréart offre d'abord l'occasion de voir une rue bordée principalement de maisons particulières, toutes construites dans les années 1890-1900. Au 7 rue Antoine Bréart, Paul Hankar édifie cette maison toute simple en 1898 (maison Aglave). Elle se distingue surtout par les sgraffites d'Adolphe Crespin (la nuit, le chant du coq et le printemps des hirondelles) ainsi que par un bas relief très art nouveau floral abstrait. Autre détail intéressant : la simplification audacieuse du garde-corps du balcon.



Sgraffite d'Adolphe Crispin pour la maison Aglave, 7 rue Antoine Bréart 



Un peu plus loin, au 81 rue d'Albanie faisant angle avec la rue Antoine Bréart, Frans Hemelsoet (1875-1947) signe en 1903 un immeuble de rapport de trois étages avec rez-de-chaussée commercial.
81 rue d'Albanie, Frans Hemelsoet (1903)
Il est en briques rouges et blanches, pierres blanches et soubassement en pierre bleue. Avec sobriété, mais une audace certaine, l'architecte joue avec tous les nouveaux codes décoratifs. La logette d'angle au deuxième étage soutenue, comme les balcons,  par deux consoles en pierre blanche est surmontée d'un balcon avec garde-corps en fer forgé.



101 rue Antoine Bréart.
Paul Vizzavona (1906)
Plus loin encore, au  101 rue Antoine Bréart , Paul Vizzavona fait preuve de virtuosité et de créativité avec cette modeste maison construite en 1906. La façade asymétrique en briques blanches et pierres bleues est rendue particulièrement spectaculaire par la porte d'entrée surmontée d'une immense imposte ornée d'une composition abstraite en vitraux vert, bleus, violets, et gris. La beauté des fers forgés qui se répondent de la porte au balcon est particulèrement séduisante (la porte du garage a été transformée ultérieurement). 

7. Avenue Jef Lambeaux, 
la fête en continu


Pour goûter pleinement le plaisir de la découverte, il vous faut revenir un peu en arrière et remonter à droite l'avenue Jef Lambeaux. Entre 1850 et 1910, la population de la commune de Saint-Gilles passe de 4000 à 60 000 habitants. Les plans d'urbanisme succèdent au plans d'urbanisme pour transformer le petit village campagnard en cité orgueilleuse avec un hôtel de ville Renaissance (style Louis XIII) et... une prison médiévale!!! Entre ces deux bâtiments “néos”, l'avenue Jef Lambeaux sifflote une toute autre chanson.




Parmi les demeures les plus caractéristiques du lieu, il y a d'abord, juste en face de la prison, celle construite en 1907 au 17 place Antoine Delporte par Paul Hamesse (1877-1956) qui fut stagiaire puis le collaborateur préféré de Paul Hankar jusqu'à sa mort en 1901
Maison toute simple, de style Art nouveau géométrique pur, dont les trois fenêtres au dessus de la porte d'entrée varient d'un étage à l'autre créant une sorte de mélodie graphique très avant-gardiste, annonciatrices déjà de ce que seront le Stijl et le Bauhaus dans les années 20.  La formule,  inédite,  est d'une originalité  époustouflante. Chaque détail compte pour créer une harmonie absolue, jusqu'au dessin de la boîte aux lettres  qui se réfère immédiatement aux masques nègres que Picasso découvrira quelques année plus tard. Elle équivaut à une signature de l'architecte  



Boîte aux lettres inspirée par l'art africain,
dessinée par Paul Hamesse pour
le 17 de la place Delporte
38 avenue Jef Lambeaux (1902)
 Au 38 avenue Jef Lambeaux, une belle maison à façade asymétrique porte la date de 1902. Elle possède quelques éléments d'Art nouveau géométrique très intéressants : (l'élégante porte à vantail avec ses deux jours triangulaires garnis de vitraux, les fers forgés des garde-corps).

Mais ce sont surtout les sgraffites humoristiques, au soleil levant grenouilles entourant la fenêtre du rez-de-chaussée, à l'étage puto chevauchant une oie en plein vol,  qui attirent l'oeil.  



                                                  
35 avenue Jef Lambeaux. 
Clément Verhas (1910)
En face, au n°35, Clément Verhas construit en 1910 une des dernières maisons Art nouveau de Bruxelles. Les arcs outrepassés des baies du rez de chaussée et du second étage, les fers forgés et le vitrail au papillon de l'imposte en font tout le charme. Le soubassement en pierre bleue est incisé de motifs géométriques. 



Mais à la même époque, indice que le souffle prodigieux de l'Art nouveau commence à s'épuiser, la maison personnelle que Paul Hamesse se construit en 1909 au 25 avenue Jef Lambeaux ne laisse quasiment plus rien deviner de son extraordinaire créativité passée. C'est l'art déco qui s'annonce.




En revanche, la maison personnelle de Georges Peereboom  au 12 avenue Jef Lambeaux est totalement Art nouveau. Elle
Maison personnelle de Georges Peereboom (1898)
12 avenue Jef Lambeaux

a été construite en 1898 dans le style floral initié par Victor Horta. L'architecte s'en donne à coeur joie pour composer une façade en pierres blanches et pierres bleues animée d'éléments poétiques aussi multiples que divers: taille de la pierre, fers forgés floraux, vitraux, encadrement des fenêtres et chassis avec petits bois aux lignes courbes inversées. 

L'intérieur, remarquablement conservé et progressivement remis en état, est dans le même état d'esprit, exubérant et enchanteur
Living de la maison personnelle de G. Peereboom
avec tous ses vitraux (porte-fenêtre donnant sur le jardin et vitrail zénital)


Dix ans plus tard, en 1908, Georges Peereboom a également construit le 8 avenue Jef Lambeaux, avec moins de lyrisme.



En face, au 11 avenue Jef Lambeaux, les frères Boelens, Victor et Alphonse,
11 avenue Jef Lambeaux
Victor et aphone Boelens 1900
donnent à leur tour libre cours à leur imagination débordante en 1900. Ils avaient été primé l'année précédente pour un projet à construire aux abord de l'Hôtel de ville de Saint Gilles. C'est fait! Mêlant éclectisme et Art nouveau, ils jouent l'asymétrie dans la travée principale. Mais c'est surtout avec les éléments décoratifs qu'ils font dans le modern style baroque . Encadrement et fers forgés des fenêtres du sous sol, porte d'entrée etc...




Paradoxalement, vu l'ambiance artistique survoltée qui règne à l'époque dans la toute jeune commune saint-gilloise, c'est un projet d'inspiration ultra rétro (néo-Rennaissance française, style Louis XVI) qui sera adopté par les autorités locales pour le nouvel hôtel de ville. Dommage!



Façade arrière dd l'Hôtel de ville de Saint Gilles.
vue de l'avenue Jef Lambeaux. Albert Dumont. 1904

8. Rue de Savoie, quatre maisons Art nouveau

En revanche, la rue de Savoie qui longe l'arrière de l'Hôtel de ville est bien marquée par l'Art nouveau, elle. Au 52 rue de Savoie , Paul Vizzavona  a construit en 1907 une superbe maison de pierres blanche dans le style Art nouveau ultra sobre proche de certaines oeuvres de Victor Horta dont il fut l'élève.
8 ru de Savoie. Paul Vizzvona (1907)
Au dernier étage de cette façade tout à fait asymétrique, trois fenêtres avec un seul grand garde-corps en fer forgé. Les meneaux qui les séparent sont ornés de feuilles d'achantes stylisées.En dessous, une seule grande baie donnant sur le balcon qui chapeaute le bow-window du bel étage. Superbe garde-corps. Au rez-de-chaussée, la porte et la fenêtre très écartées achèvent de créer une étonnante sensation de légèreté (ou de défi aux lois de l'architecture).

   58 rue de Savoie. Une baie typiquement Art nouveau
Au 58 rue de Savoie, une autre maison Art nouveau caractéristique avec sa grande baie en arc de cercle donnant sur le balcon du premiert étage et surmontée de fenêtres plus étroites.



58 rue de Savoie. Robert Lemaire (1910)
Au 66 rue de Savoie, Robert Lemaire crée en 1910 une maison bourgeoise qui se distingue surtout par l'exubérance spectaculaire de son décor éclectico-barroco-Art nouveau.
Robert Lemaire n'a peur de rien.   Briques rouges et pierres blanches, balcons et fers forgés, pierre bleue sculptée pour la baie du sous-sol surélevé et surtout les trois sgraffites du dernier étage. 
Avec Robert Lemaire, c'est toute la fantaisie débridée de l'Art nouveau qui se déchaîne.
Il fut un temps où on parlait de mauvais goût 
Enfin au 33 rue de Savoie, Ernest Linard construit en 1905 une curieuse double maison de commerce qui fait angle avec
31 rue de Savoie. E. Linard (1905)
la place Maurice Van Meenen. Les deux façades étant rigoureusement identiques (les balcons côté rue de Savoie ont disparu) laissent imaginer une drôle d'organisation intérieure. Deux magasins en angle avec chacun sa vitrine et sa porte d'entrée? Principaux attraits : l'encadrement des deux portes et des deux baies vitrées du rez-de-chaussées sous archivolte en coup de fouet.





Malgré nos recherches, il ne nous a pas toujours été possible de déterminer la date du décès des architectes ou des artistes ayant réalisé une oeuvre montrée dans cet article ou de retrouver des ayants droit.  Afin de ne pas enfreindre involontairement la législation sur les droits d'auteurs, toute précision ou information concernant l'un ou l'autre document photographique  sera immédiatement prise en compte. Sans autorisation, le ou les documents photographiques seront immédiatement supprimés.